Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont dans un avion…
Explication de texte un peu aérienne mais très concrète
Lundi soir, après une journée passée à voir les uns et les autres discuter à la virgule près du discours d’Emmanuel Macron de la veille, ou du point de savoir si La Rotonde était, oui ou non, un établissement de luxe, ou encore s’il ne vaudrait pas mieux s’abstenir au second tour pour mieux combattre le Grand Capital aux législatives, j’ai écrit ceci :
C’est un de ces tweets, vous savez, qui génèrent plus de réponses que de retweets. À ma grande surprise, il semblerait que j’aie choqué la conscience d’à peu près tout ce que la twittosphère compte de grands démocrates et d’âmes libres, de Sens commun aux Insoumis. Je vais donc m’en expliquer en un peu plus de 140 caractères.
L’idée, chers grands libertaires prêts à s’abstenir face à Marine Le Pen, n’est pas d’interdire à quiconque de s’exprimer, mais de rappeler chacun à ses responsabilités. Parce que oui, en démocratie, c’est bien l’électeur qui a le pouvoir, et donc la responsabilité qui va avec.
À dix jours du second tour, rien n’est gagné pour Emmanuel Macron, et donc pour le dernier représentant des valeurs républicaines dans cette élection.
Marine Le Pen a toutes ses chances. Et ce n’est pas juste moi qui le dis.
Marine Le Pen, dont le parti a été fondé par d’anciens Waffen SS. Marine Le Pen, dont les élus ont saccagé toutes les collectivités qu’ils ont eu à gouverner. Marine Le Pen, qui a plus de casseroles que tous les candidats du premier tour réunis. Marine Le Pen, qui veut faire sortir la France de l’Union européenne et boucler les frontières à double-tour. Tout cela me semble un peu plus important et urgent à rappeler et à critiquer que le jambon et les asperges d’Emmanuel Macron.
Pendant la campagne américaine, un ami m’a livré une métaphore qui m’est restée à l’esprit parce qu’elle illustrait très bien, à mon sens, la situation ubuesque de ceux qui harcelaient Clinton sur ses emails tandis que Trump bafouait tout ce qui faisait des États-Unis une démocratie :
Passer son temps à taper sur Clinton au lieu de combattre Trump, c’est comme répondre à l’hôtesse de l’air qui te propose soit du poulet, soit un étron fumant : « Et le poulet, il est préparé comment ? ».
Depuis, les Américains ont du mal à digérer le repas.
Alors bien sûr, vous pouvez, vous aussi, passer les dix derniers jours de la campagne à critiquer la cuisson ou l’accompagnement du poulet, ou même à rappeler que vous êtes plutôt viande rouge ou petits légumes sautés. C’est votre droit le plus strict.
Mais n’oubliez pas ce qu’il y a sur l’autre plateau.